De nouvelles forêts naturelles mixtes sur le piedmont

Pessière à épinette blanche sur ancien site agricole abandonné
Source: RFBiotiques
L’agriculture de subsistance de la première moitié du siècle dernier a graduellement laissé place à une agriculture plus performante sur les meilleurs sites propres à un travail du sol. Sur les terrains où la culture était plus marginale et les sols plus rocailleux, on assista à l’apparition de nouvelles forêts au cours des années 1960 et 1970. On répertorie environ 240 000 hectares de forêts productives dans la région de Lanaudière. Parmi celles-ci, près de 20 000 hectares issus d’anciens pâturages ou terrains cultivés abandonnés depuis au moins 50 ans constituent aujourd’hui des peuplements forestiers mixtes ou fortement résineux de première génération. Ces forêts renferment généralement une dominance en sapin baumier et en épinettes blanches ou rouge mélangée avec des espèces feuillues intolérantes ou peu tolérantes à l’ombre. Parmi ces espèces pionnières, on repère les peupliers, le bouleau à papier et l’érable rouge.
Prioritairement, ces peuplements de transition se situent dans le piedmont laurentien. Ce corridor couvre le territoire d’est en ouest entre Saint-Gabriel-de-Brandon et Saint-Calixte et du nord au sud entre Sainte-Émilie de l’Énergie et Sainte-Mélanie. Bien qu’il s’agisse ici du segment lanaudois, on retrouve le prolongement de ce corridor à l’est en Mauricie jusqu’aux portes de la région de Québec et à l’ouest dans les Laurentides.
Cette région bioclimatique correspond au domaine de l’érablière à bouleau jaune de l’est. Ce qui signifie que la forêt potentielle à son apogée évoluera naturellement dans la majorité des sites bien drainés vers une forêt de feuillus durs. L’œil averti constatera que les forêts de transition mixtes sur ces terrains ne resteront pas au beau fixe pour bien des décennies.
Une majorité de ces nouvelles forêts atteignent aujourd’hui une certaine maturité qui mérite l’attention de leurs propriétaires. En effet, une simple visite dans ce type de peuplements permet d’observer le début d’une transition vers un second stade de développement. On remarque une mortalité de plus en plus accrue chez les sapins, peupliers et épinettes lorsque la compétition pour la lumière s’installe entre les individus ou qu’ils atteignent leur âge ultime. La nature du sol et l’exposition du relief nous indiquent quelles espèces plus tolérantes à l’ombre sont susceptibles de faire leur apparition en sous-couvert. Souvent, des jeunes semis et gaulis de pin blanc, d’érable à sucre, de bouleau jaune ou de chêne rouge n’attendent qu’une éclaircie ou un puits de lumière pour se déployer. 
 
Mortalité et chablis partiel dans une forêt de transition mixte avant l'éclaircie.
Source: RFBiotiques

C’est alors qu’une intervention sylvicole devient utile pour accélérer ce processus naturel. L’éclaircie bien dirigée et planifiée permettra de récolter les arbres en fin de vie ou nuisant à l’effort de développement d’arbres vigoureux rapprochés. Ce travail de récolte suggère aussi un rendement soutenu à long terme de ces strates forestières. Il procurera à la fois un revenu net intéressant pour le propriétaire et contribuera à la mise en valeur de son patrimoine forestier. Dans plus ou moins une vingtaine d’années suivant cette première intervention, une deuxième éclaircie pourra s’exécuter et des arbres de meilleure qualité pourront être récoltés.

De plus, l’éclaircie commerciale et la coupe de jardinage sont des traitements sylvicoles reconnus pour soutenir la captation du carbone atmosphérique. D’une part, le bois récolté et dirigé vers les usines de transformation permet de prolonger la séquestration de carbone dans les fibres de bois pour la durée de vie utile du matériau créé. D’autre part, les arbres plus vigoureux laissés sur pied poursuivent leur croissance en captant toujours plus de CO2. Les jeunes tiges qui guettaient la lumière prennent déjà la relève avec la photosynthèse dans la transformation du CO2 en bois que les arbres récoltés ne captent plus. C’est un régime gagnant pour l’environnement et pour l’économie forestière régionale.

L'éclaircie commerciale crée des puits de lumière propices au développement d'une relève feuillue.
Source: RFBiotiques
En somme, l’aménagement des forêts de transition est l’une des nombreuses facettes du travail des forestiers. En accentuant les travaux dans ces peuplements d’avenir, nous contribuons à la lutte aux changements climatiques, un avantage de plus en plus considéré par la société d’aujourd’hui. La mise en valeur de ces massifs forestiers participe aussi à l’amélioration de nos paysages ruraux et à la diversité de nos habitats naturels tout en procurant du travail à nos communautés locales.
Alors, producteurs forestiers, soyez observateurs lors de votre prochaine sortie en forêt et contactez votre conseiller forestier pour planifier votre prochaine récolte!

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