Résister au froid

La dormance des végétaux est une adaptation à des conditions externes défavorables, tel le froid sous nos latitudes ou en saison sèche dans certains pays arides. Certaines espèces championnes de la résistance au froid peuvent même subir des températures de -70 degrés Celsius sans subir de dommages. Toutefois, la tolérance au froid des arbres s’acquiert graduellement au fil du temps en passant par plusieurs étapes préparatoires à la saison hivernale. C’est pourquoi les extrêmes climatiques et imprévisibles tels qu’un gel hâtif ou tardif peuvent les endommager même à des températures à peine inférieures à 0 degré Celsius, car leur acclimatation n’est pas achevée. Bien que très complexes et différentes d’une espèce à l’autre, voici 3 étapes générales de l’acclimatation des arbres au froid.

1) Aoûtement : Comme son nom l’indique, cette étape commence au mois d’août lorsqu’un certain seuil de diminution de la durée du jour est atteint (photopériode). À ce moment, il y a arrêt de croissance de l’arbre pour prioriser l’accumulation des réserves. La pousse annuelle de l’année va durcir (lignification) et un bourgeon terminal protégeant l’ébauche des futures feuilles va se former. Certaines espèces moins rustiques à nos latitudes vont poursuivre leur croissance et subiront donc des dommages ou la mort de l’extrémité de leur tige, par manque de synchronisme.

2) Dormance des bourgeons : Les bourgeons, influencés par la photopériode ou la diminution de la température, deviennent en latence sous l’action de régulateurs (hormones) de croissance. Les racines et le tronc tombent aussi en dormance avec un synchronisme et quelques étapes qui diffèrent.

3) L’endurcissement : La tolérance au froid maximal qu’une espèce peut acquérir s’accroît progressivement et proportionnellement à l’abaissement de la température au cours de l’automne. Le contenu en eau des cellules diminue (déshydratation) augmentant ainsi la concentration en sucres et autres minéraux. Ceci permet de diminuer leur point de congélation et de résister davantage au gel en limitant la création de cristaux de glace.

Enfin, l’accumulation des réserves de sucre et minéraux créées par photosynthèse doit être suffisante pour passer la période hivernale et permettre le réveil de la végétation au printemps. Tout compte fait, à défaut de pouvoir se déplacer vers le sud pour se réchauffer, les arbres pourraient nous donner bien des leçons de résistance au froid pour nous aider à tolérer davantage notre hiver québécois!



Source : Rioux Jacques-André, 2016. Organisation et physiologie des plantes. Manuel de formation, cours Bio-1904. Certificat en horticulture et gestion des espaces verts.  Département de phytologie. Université Laval.

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